Nuit Gravement Au Salut
Brillante satire sur l'abus de pouvoir où l'humour et le cynisme s'effleurent. Sommes-nous prêts à renier ce que nous sommes pour réussir ?
Le mot du metteur en scène
Nuit Gravement au Salut est ce que l’on peut appeler une «fable moderne», celle de l’artiste et du marchand, traitant avec un humour grinçant le système hypocrite du microcosme littéraire.
Elle pose un certain nombre de questions dont celle‐ci : quel sens un artiste doit‐il donner à son travail de créateur ? Est‐il prêt à renier ses valeurs familiales, religieuses ou morales ? Doit‐il être un éclaireur de conscience et travailler au développement de l’esprit critique ou doit‐il subir la loi du marchand et du marché, dans un univers où l’objet artistique n’est pratiquement plus qu’un objet de consommation.
J’ai donc centré le travail de mise en scène sur le rapport de force entre deux personnages aux univers et langages apparemment opposés ; chacun rivalisant avec ses propres atouts : la séduction, la rébellion et l’instinct maternel chez la romancière, le pouvoir et le cynisme chez l’éditeur. Le personnage du serveur n’est pas en reste bien au contraire. Non seulement il apporte un souffle burlesque aux situations parfois tendues entre les deux protagonistes mais il joue aussi, d’une certaine manière le rôle «d’arbitre » dans ce repas duel, jusqu’au coup de théâtre final.
Enfin et toujours dans un souci de vérité, j’ai voulu installer un climat de confort et d’intimité (musique feutrée, table élégante...) afin de donner encore plus de poids à la férocité de la situation. Le contraste permet de faire ressortir toute la drôlerie, la finesse et l’acuité de cette « fable moderne ». Avec cette pièce, Henri‐Frédéric Blanc poursuit son oeuvre de dénonciation des travers de notre société moderne. En cela, je le place dans la pure tradition d’un «Molière» ou d’un « Beaumarchais ».