La Maison d'à Côté
Cette scientifique de haut niveau, dont le métier est de lutter contre les maladies amenant certaines personnes à se perdre, va elle-même se perdre. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Pour se retrouver, elle devra mener son enquête sur les ombres du passé. Drôle et dramatique: un pur thriller émotionnel !
Le mot du metteur en scène
Sharr White, l’auteur de La maison d’à côté, présente Juliana, son héroïne, comme « la femme la plus intelligente du monde ». Plus que cela, elle nous apparaît aussitôt comme un modèle de femme d’aujourd’hui : active, brillante, efficace, de ces femmes qui ont su se faire une place de premier plan dans un milieu tout spécialement gouverné par des hommes. Si Juliana est effectivement la plus intelligente, encore fallait-il le faire admettre. D’où chez elle un comportement qui ne va pas sans singularité ou provocation, ce qui en fait, évidemment, un personnage de comédie : tantôt séductrice et charmante, tantôt impérieuse, agressive, voire brutale ; elle surprend par sa vivacité ses concurrents potentiels et finit par en triompher, avec légèreté. Ce qui nous trouble et nous émeut chez elle, c’est qu’il n’entre dans son jeu pour ainsi dire aucun calcul ; s’il y a là une stratégie, elle est purement inconsciente. Mais il y a bien un revers de la médaille. Pour commencer, une tension extrême qui jusque dans l’humour et la cocasserie ne se relâche jamais. En fait Juliana est une guerrière dont l’arme principale est la séduction qu’elle réserve aux hommes, en éliminant toute autre femme. C’est sans doute là qu’il faut chercher la raison étrange de la tragédie qu’a vécue Juliana : la perte de sa fille, sujet tabou, amnésie volontaire, déni total, jusqu’à l’accident cérébral qui soudain bouleverse sa vie : « Elle n’a pas pu disparaître ! » s’écrie-t-elle comme pour conjurer la fuite de Laura au terme d’une scène de violence extrême où sa jalousie de femme et de mère a tout dévasté. Oui, La maison d’à côté, c’est l’histoire d’une faute, une culpabilité et un symptôme aussitôt ressenti comme une punition. Avec le soutien et l’amour de Ian, son époux, Juliana va tenter de percer le secret de sa mémoire en miettes, recueillir toutes ces bribes, leur donner sens, tandis que se révélera aux spectateurs son portrait intérieur. Juliana est en plein centre de la scène comme de notre esprit. Soit une alchimie théâtrale particulière qui partant du traumatisme de la conférence remonte le temps de la vie ou bien glisse avec légèreté d’une hallucination à l’autre jusqu’au cœur du mystère que Juliana doit élucider pour se retrouver.